Dieu, qui n’est qu’amour, ne sait pas ce qu’est le péché. Le sacrement de la réconciliation c’est notre façon de répondre à la volonté de Dieu de nous aider, de nous aimer.
Ce sacrement est assez malaimé parce que souvent mal compris et donc beaucoup d’entre nous ont perdu l’habitude ou l’envie d’aller le recevoir.
Pourtant depuis quelques années, grâce aux pèlerinages en particulier, les catholiques ont redécouvert le sacrement de réconciliation. Avec le sacrement des malades, il fait partie des sacrements dits de guérison dans l’Église catholique. Longtemps pointé du doigt comme une pratique jugée vieillotte ou qui entretenait un sentiment de culpabilité, cette pratique n’a cessé d’évoluer au cours de l’histoire. Elle est encore aujourd’hui en pleine mutation.
Elle répond à un véritable besoin de dire, de confesser, de se « nettoyer » et d’accueillir la grâce de la miséricorde de Dieu.
Quelle est l’histoire de ce sacrement ?
Le premier des sacrements a été le baptême qui effaçait la faute. Avec le temps sont nées des pratiques de pénitence publique. Les pénitents recevaient de la cendre sur le front, cendre que nous recevons tous maintenant le mercredi des Cendres. Leur démarche de conversion pouvait durer quelques jours comme quelques années, voire toute la vie. Les pénitents étaient juges de la gravité de leurs fautes. Selon l’Église, encore aujourd’hui c’est à chacun d’estimer lui-même si son péché est grave ou très grave. D’un sacrement public on est passé au secret d’une confidence. Dans la religion catholique, le prêtre écoute les propos du pénitent qui exprime ses péchés.
C’est quoi le péché ?
« Péché »: le terme vient de l’hébreu, il signifie étymologiquement « une cible manquée« . Comme un archer qui vise sa cible et qui la manque. C’est une occasion ratée, c’est un but manqué, retardé ou dévié. Quand on est dans cet état-là, on se remet en route pour atteindre notre but qui est le Seigneur. Le péché, c’est ce qui nous a fait tomber ; le pardon consiste à nous relever et nous remettre en route.
On parle de péché mortel ou de péché véniel, des termes un peu désuets que l’on a caricaturés en disant que le premier conduit à la mort et que le second n’a rien de grave. C’est dans la première lettre de Jean que l’on trouve une distinction entre péché grave et moins grave.
Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous ne faisons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. Si nous disons que nous sommes sans péché, nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas en nous. (1 Jn, 1, 6-10)
Pourquoi dire à un autre ses péchés?
Le péché est étranger à Dieu, il ne sait pas ce que c’est. Aussi sa volonté ne peut être de faire le compte de nos péchés : ce que Dieu, qui n’est qu’amour, ne supporte pas, c’est de voir l’homme souffrir. En revanche, nous, on voit bien qu’on est blessés. Il s’agit pour nous de comprendre cette blessure en nous, d’y mettre des mots, et d’ouvrir notre cœur à l’infinie miséricorde.
Le besoin qui peut paraître étonnant de confier cela à un prêtre provient d’un besoin d’avoir une réponse incarnée. Oser dire ce que j’ai fait n’est pas bien et cela me blesse, le formuler, et entendre la réponse « Tu es pardonné » est très important.
« Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20)
Quand doit-on recevoir ce sacrement ?
Au minimum une fois par an pour se préparer à la fête de Pâques.
L’église recommande depuis Vatican II que cela se fasse au cours d’assemblées publiques, de veillées de louange, d’adorations… avec des chants pour bien se préparer à ce tête-à-tête avec le prêtre. Un rendez-vous communautaire pour une rencontre individuelle.
Pour qui ce sacrement ?
Ce sacrement concerne tout le monde, aussi bien les enfants que les adultes. A tout âge, nous pouvons et savons faire mal, et même les enfants ont une conscience du péché et un besoin d’accompagnement dans le secret.
Quel est le sens de ce sacrement ?
Le péché est une blessure que l’on s’inflige ou que l’on inflige aux autres. Le péché, le mensonge est source de souffrances.
La volonté de Dieu est moins de faire les comptes de nos fautes que de nous dire « là tu mets des mots sur cette souffrance, veux-tu que Je t’aide à la traverser ? » Dieu a besoin de notre ouverture du cœur, de notre volonté pour nous sauver. Il attend que nous Lui disions que nous voulons sortir de cette spirale infernale du péché et nous Lui demandions son aide. Ce sacrement n’est pas un procès mais une rencontre. Nous ne devons pas avoir peur d’y aller. Personne ne nous juge, même les prêtres pèchent, vont se confesser, et ont besoin de la grâce du Seigneur, c’est même nécessaire pour pouvoir passer ensuite cette grâce.
Que dire ? N’est-ce pas un peu répétitif ?
C’est vrai qu’il y a des choses, une addiction, une faiblesse, un travers qui nous collent à la peau. Au lieu de nous résigner, le Seigneur nous encourage à croire en nous comme Lui croit en nous, à nous relever, même si nous retombons ensuite. Peut-être un jour n’y retomberons-nous plus. C’est la grâce de la conversion qui se vit parfois, une vraie libération.
Qu’est-ce que ce sacrement apporte, quand on entend « Tu es pardonné(e) » ?
Il ne s’agit pas de se dire « ouf , ça c’est fait», mais de dire : Seigneur, je me remets par Ta grâce et seulement par Ta grâce. Tu es avec moi, Tu m’accompagnes, Tu es tout le temps avec moi quelque soient les circonstances. Cette certitude d’avoir le Seigneur avec nous s’appelle la sainteté et ça rend heureux et joyeux.
On peut comparer le pardon de Dieu à la parabole du Fils Prodigue de l’évangile de St Luc où le pardon du Père est immédiat sans même s’intéresser au péché
Est-ce que tous les péchés peuvent être pardonnés ?
Jésus a toujours été clair : tous les péchés sont pardonnés sauf celui contre l’Esprit, qui est de croire que Dieu ne peut pas nous pardonner, que Dieu est mauvais. Si on considère que Dieu ne peut pas nous pardonner, on ne peut pas être pardonné, puisqu’on n’y croit pas.
Concrètement comment cela se passe-t-il ?
On commence toujours par « Père, bénissez moi car j’ai péché. » La bénédiction est toujours plus importante que le péché. La bonté de Dieu est incommensurablement plus importante que notre péché.
Ensuite on dit ce que l’on a à dire. Le prêtre écoute sans juger, et peut aider à éclairer par un passage biblique. Il doit faire préciser les mots non pas par curiosité indiscrète, mais pour que l’on soit apaisé à la fin de la rencontre. L’apaisement, la paix sont nécessaires au sacrement et à la réconciliation.
Ensuite le prêtre nous propose une pénitence, c’est-à-dire un engagement vis-à-vis du Seigneur pour lui dire « je veux commencer une nouvelle vie », un acte concret, une prière… qui nous fait repartir.
Enfin, il y a la parole d’absolution. Puis nous repartons heureux, nous reprenons notre vie de manière juste, sachant que nous sommes aimés de Dieu.
Relecture d’une émission diffusée le 27 février 2017 sur RCF avec P. Sébastien Antoni, prêtre de la congrégation des assomptionnistes, journaliste