Nous sommes les pierres vivantes

Dans cet épisode, Jésus parle pour la première fois de son Père dans l’évangile de Jean. Il est donc, LUI, le Fils du Père dont la maison est devenue une maison de commerce. Jésus s’en prend aux vendeurs d’animaux et changeurs de monnaies, nécessaires d’ailleurs au bon fonctionnement religieux. Jésus disperse l’argent et renverse les tables.
 
J’aimerais m’arrêter avec vous sur le face à face entre Jésus et les autorités religieuses qui lui demandent de montrer un signe, un signe, au sens d’un acte surnaturel. Ainsi, Jésus pourrait être identifié comme venant de Dieu.
 
Jésus ne leur montre rien de plus, il leur répond juste : « Détruisez ce temple-ci et en trois jours, je le relèverai ». Cette réponse est à double sens. Les autorités juives entendent ce que dit Jésus à partir de leurs repères : pour eux, Jésus se dit capable en trois jours de relever le temple, autrement dit de le reconstruire en trois jours. C’est ce que traduit leur réaction : « Il a fallu quarante-six ans pour construire ce temple et toi, tu le relèverais en trois jours ? »
C’est alors que Jean prend soin de donner accès au sens caché de la parole de Jésus aux lecteurs et aux auditeurs que nous sommes aujourd’hui. Il interprète la parole de Jésus de manière théologique :
« Mais lui parlait du temple de son corps. »
 
La pâque était proche, et Jésus est le nouveau temple. C’est en lui que Dieu se propose à la rencontre. Jésus leur a parlé de trois jours et de « relever » le temple. Avec le nombre trois et le verbe « relever » qui est un des deux verbes que l’on traduit par « ressusciter », Jésus parle de lui, de sa mort et de sa résurrection.
 
Il est lui-même le signe à voir, à accueillir. Les disciples ne comprennent pas tout de suite. Mais les paroles de Jésus resteront dans leurs mémoires et elles prendront sens à la résurrection nous explique Jean.
 
Je partage avec vous ce qu’écrit le réformateur Jean Calvin dans son commentaire de l’Evangile de Jean : « les disciples n’entendaient point le Christ quand il disait ceci ; mais ensuite, cette doctrine, qui semblait être bien évanouie en l’air et perdue, a produit du fruit en son temps. » Il peut arriver que, dans ce que Jésus a dit ou fait, des choses nous semblent obscures par rapport à ce que nous vivons. Gardons-les, avec le Seigneur, elles porteront du fruit en leurs temps.

« Enlevez cela d’ici »
Dans le Temple de Jérusalem, Jésus a posé un acte de salubrité. « Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre lamonnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » » Autant ce geste était une conséquence de la relation intime de Jésus avec son Père autant la présence des marchands dans le temple était l’expression de l’orientation que ce peuple avait progressivement donnée à son rapport avec Dieu. Les juifs ne comprirent pas ce message. Mais, Jésus a manifesté qu’Il est le véritable Temple et que le sacrifice authentique est intérieur : « « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. »

Il y a toujours en nous ce désir de saisir toutes les opportunités, de faire du profit. Aujourd’hui encore, notre cupidité de cœur nous pousse à essayer de transformer les espaces de don, de gratuité en lieu de profit. Aujourd’hui encore, nous avons du mal à renoncer à une logique de marchandage dans notre rapport avec Dieu. Aujourd’hui, nous continuons de remplacer la monnaie de l’Amour par l’amour de la monnaie. C’est alors que l’amour que nous avons à porter Dieu est détourné vers des éléments de la création. L’Amour que Dieu nous porte devient notre fond de commerce. C’est la corruption de notre vie spirituelle. Le Seigneur est venu pour que Dieu soit adoré en esprit et en vérité. (Cf. Jean 4, 23-24) Nos attitudes ne portent pas atteinte à un édifice de pierres. Elles touchent Dieu, elles affectent le Corps du Christ dont nous sommes les membres, l’Église. Elles dénaturent le temple de Dieu que nous sommes. Voilà pourquoi le Seigneur est toujours préoccupé de faire le ménage.
La Passion du Christ est la restauration de notre relation à Dieu.
Quel commerce as-tu établi dans le temple de Dieu ?

Seigneur, je ne veux plus rien vendre. J’accepte de tout recevoir de Toi gratuitement.