A la moisson !

Il est étonnant comme nos traductions, parfois, ne suivent pas le texte dans sa façon précise de nommer les choses. Peut-être comme nous, d’ailleurs. Nous lisons souvent de façon habituée. On amène à Jésus un homme. La traduction que j’ai devant moi dit un possédé muet. Mais c’est d’abord un homme. Certes, il est sourd, et possédé par un démon. Mais c’est avant tout un homme. Cela change toute la lecture. Si c’est un sourd, d’emblée, ce n’est pas vraiment de moi qu’il s’agit. Je ne suis pas sourde. Mais si c’est avant tout un humain, alors cela peut me concerner. Suis-je sûre de ne pas souffrir de surdité ? Bien sûr l’homme de l’évangile est physiologiquement sourd. Mais je suis alors rejointe par son handicap. Où s’origine alors cette surdité en moi ? N’y a-t-il pas des démons, des habitudes de pensées, des idéologies, des dogmatismes, des priorités qui nous habitent à un tel point, sans que nous en soyons conscients, que nous sommes sourds à la force et la simplicité, la clarté de la parole, de la présence de Jésus, comme de celles de ceux que nous rencontrons ? Les guides religieux de l’époque se révèlent sourds. Et le texte nous appelle à prier pour que des hommes et des femmes se laissent guérir et deviennent des ouvriers de la moisson. Car l’attente d’une parole vraie, de solidarités gratuites et réelles, d’un amour tangible, aujourd’hui encore est immense.

« Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël ! »
Le possédé présenté à Jésus était sourd et muet. « Lorsque le démon eut été expulsé, le sourd-muet se mit à parler. » Son infirmité était donc causée par le démon.
Entendre et parler, c’est être en relation avec les autres. La surdité et le mutisme rendent cette relation difficile. Le démon est celui qui désorganise, complique voire empêche la communication, les relations fraternelles, la communion. Il promeut l’enfermement, l’indifférence, la division. Il est aux antipodes de Celui qui est le Verbe, la Parole. Les Pharisiens, en prétendant que c’est par le chef des démons que Jésus expulse les démons, sont dans cet enfermement.
Dieu est solidaire.
Quelle est la qualité de ta relation aux autres ?

Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël !
La grâce de Dieu est à l’œuvre à travers Israël, pour rétablir les liens, pour soigner la relation aux autres, pour favoriser un tissu social apaisé et épanoui en guérissant malades et infirmes.
Le Seigneur est venu nous réconcilier avec les autres et avec nous-mêmes en nous réconciliant avec Dieu. Sa compassion est à cette fin. Car, Il est venu rassembler, dans l’unité, les enfants de Dieu dispersés. (Cf. Jn 11, 52) Tel est la mission des ouvriers de la moisson. « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. » Face à l’ampleur de la tâche et à son importance capitale, la première attitude que le Seigneur nous recommande est d’entretenir la relation avec Dieu, d’entrer en dialogue avec Lui : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » La relation avec Dieu est celle qui rend possible et structure toute relation avec les autres.
La prière nous inscrit dans l’universalité.
Quelle est la qualité de ta relation avec Dieu ?

Seigneur, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, viens guérir nos surdités et nos mutismes.