Si tu le veux, tu peux…

« Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier ! » Croyons-nous, non pas du bout des lèvres mais de l’intime de nos convictions que le Seigneur a, effectivement, pouvoir sur le malheur et sur le mal ? Qui n’a pas multiplié prières et jeunes en tous sens pour obtenir une délivrance, d’une maladie, d’une addiction, d’un mal… sans résultat apparent ? Et pourtant l’évangile nous provoque… Notre prière insiste, Seigneur il te suffit de vouloir, et je retrouverai ma joie de vivre, ma place dans la cité, mon honneur d’homme et de croyant ! Et le texte continue… Jésus étend la main. Il veut toucher l’intouchable, et faire sauter tous les tabous. Il veut que l’homme sente une main fraternelle posée sur lui. Et le lépreux entend ces mots, qu’il avait lui-même prononcés et que Jésus reprend à son compte : « Je le veux, sois purifié! » Jésus prend la parole et la souffrance disparaît. La Parole de Jésus comme lie de guérison de nos souffrances. Est-ce ainsi que nous lisons la Bible ? Et cette parole entendue, reçu et partagée est opérante, elle renoue tous les liens que le malheur avait détruit… cette parole a le pouvoir de restaurer ! Elle sauve et recrée.
Aujourd’hui encore Jésus, s’il le veut, peut nous guérir de nos lèpres, encore faut-il comme le lépreux de l’histoire, les repérer… pas seulement celle qui nous embêtes, mais celles aussi avec lesquels nous avons pactisés nous habitants à elles et ne voyant plus en quoi elle seraient un problème…, – lèpres de l’intelligence: tous les slogans, les ironies, les critiques superficielles, qui entament notre foi et nous ferment au monde de Dieu; – lèpres du cœur : les égoïsmes quotidiens, les rejets, les intolérances, les haines cachées, et aussi toutes ces tristesses qui nous détruisent et qui chassent la vie autour de nous. « De tout cela, Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir! ». C’est là notre prière, audacieuse, confiante, les jours où nous consentons à rencontrer le regard du Christ en vérité…

« Je le veux, sois purifié. »
Elle est belle, saisissante et suggestive cette image qui clôt totalement la prédication de Jésus sur la montagne. « Lorsque Jésus descendit de la montagne, des foules nombreuses le suivirent. » Cette image évoque un parallélisme avec Moïse qui descend de la Montagne de Dieu après avoir reçu les deux tables de la Loi. Pour le Peuple d’Israël, il était le guide. Après avoir proclamé la Loi nouvelle, qui accomplit celle de Moïse, Jésus marche à la tête du nouveau Peuple de Dieu. Il est à croire que c’est plutôt un nouvel Exode qui commence après cette réception de la Loi de l’Amour. Jésus est donc plus qu’un nouveau Moïse. Il est le Berger de son Peuple. Car, contrairement à Moïse, Il ne sera pas remplacé : Il introduira, Lui-même, son Peuple dans la Terre Promise.
Contemplons ce nouveau Peuple de Dieu en marche. Il serait merveilleux de mêler nos pas à ses pas, de prendre conscience que nous sommes de ce Peuple par les sacrements de l’Initiation chrétienne qui nous ont fait découvrir la Loi de l’Amour. Oh, il arrive que nous soyons plutôt bien installés ! Il conviendrait que nous choisissions, à nouveau, de suivre le Christ, notre Sauveur. Chaque dimanche, comme sur la Montagne, le Seigneur nous donne sa Loi d’Amour, puis Il vient en nous. Nous pouvons nous interroger sur la suite…
Le disciple du Christ est un pèlerin de l’Amour.
Qui guide ton pèlerinage quotidien ?

« Je le veux, sois purifié(e). »
« Et voici qu’un lépreux s’approcha, se prosterna devant lui. »
Il est surprenant que ce lépreux s’approche ainsi de Jésus entouré de foules. Il transgresse la Loi de Moïse ! Mais il est sous la Loi nouvelle. Il a perçu que Dieu, dans son Amour, ne saurait le rejeter. Quand Moïse descendit de la Montagne, ce fut pour se confronter au péché de son Peuple, à la première de toutes les lèpres : le veau d’or, signe du rejet de Dieu. (Cf. Exode 32, 19-20.31-35) C’est Dieu qui lui avait enjoint de descendre. (Cf. Ex 32, 7-8) Ici, Jésus descend et commence par affronter la lèpre. Ce lépreux est l’image du Peuple d’Israël. Il indique à tous l’attitude adéquate : reconnaître son indignité, confesser sa lèpre et s’en remettre à l’Amour miséricordieux. Prosterné devant Jésus, il dit : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. Et aussitôt il fut purifié de sa lèpre. »
Jésus a osé toucher le lépreux. Il prend sur Lui sa lèpre. En prenant chair de la Vierge Marie, le Seigneur est descendu de la Montagne. Puis, Il a pris sur Lui le Péché, la Lèpre de toute l’humanité. Il l’a voulu. C’est ainsi qu’Il nous a acquis le Salut pour toutes nos lèpres.
La Volonté du Seigneur est toujours de purifier, de sauver.
Veux-tu t’approcher et t’en remettre à sa Miséricorde ?

« Je le veux, sois purifié(e). »
La recommandation du Seigneur, après cette guérison, est surprenante : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. Et donne l’offrande que Moïse a prescrite : ce sera pour les gens un témoignage. » Comment peut-Il lui demander de se taire ? Les foules n’ont-elles pas été témoins de cette guérison ?
Ce que Jésus a proclamé sur la montagne, Il le réalise à présent : Il est venu accomplir et non abolir la Loi et les Prophètes.
C’est par notre fidélité active, par notre témoignage de vie et non par nos paroles, que nous manifestons cette réalisation de la Parole du Seigneur. Dans le monde, nous sommes le signe que Dieu est Fidèle et Sauveur.
Accomplir la Loi, c’est glorifier Dieu.
Dieu peut-Il compter sur toi pour être glorifié ?

Puissions-nous, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, reconnaître nos lèpres et glorifier Dieu pour sa Miséricorde.