Pour aider votre réflexion, votre méditation, voici quelques clés tirées de 3 articles du site chrétien Aleteia
L’Église catholique croit fermement qu’au moment de la consécration, le pain et le vin deviennent véritablement le Corps livré du Christ et son Sang versé.
Le père Jacques de Longeaux nous commente l’évangile de la solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ (Lc 9, 11-17) : Dans la conscience collective, la messe est le symbole du catholicisme : être catholique pratiquant, c’est aller à la messe. Beaucoup de gens appellent indifféremment « messe » toute célébration à l’église. Combien de fois ne m’a-t-on pas dit à la fin d’un baptême : « Merci pour cette belle messe ! » J’essaye d’expliquer que ce n’était pas une messe (sauf, bien entendu, si le baptême a été célébré pendant une messe), mais je ne suis pas certain d’être compris (ni qu’il soit bien utile de rectifier…). Au demeurant, cette place reconnue à la messe dans la foi catholique est très juste. La participation à la messe est essentielle à notre foi ; elle sanctifie le dimanche, le jour du Seigneur ; elle est le sommet de notre semaine ou de notre journée, son moment le plus important ; elle est la nourriture que le Christ a préparée pour nous et dont nous avons besoin pour soutenir et fortifier la vie reçue à notre baptême. Pourtant, pour beaucoup de gens, même croyants, la messe apparaît plutôt comme une obligation ennuyeuse. Le moindre prétexte est bon pour s’en dispenser, jusqu’au jour où l’on cesse d’y aller.
Dieu n’est pas une idée
Pourquoi donc la messe est-elle si centrale dans notre vie chrétienne ? Parce que Dieu n’est pas qu’une idée ; parce que la religion ne se réduit pas à un ensemble de valeurs ; parce que le christianisme est plus qu’une appartenance sociale. La foi chrétienne est la rencontre de Quelqu’un, le Christ, qui a donné sa vie pour notre salut. Nous rencontrons le Christ ressuscité et nous communions à sa vie dans chaque messe. Il est présent dans l’assemblée que nous formons : « Lorsque deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Il est présent dans la liturgie de la Parole : lorsque l’Évangile est proclamé, c’est le Christ qui nous parle. Il est éminemment présent dans l’Eucharistie que nous célébrons.
Le pain et le vin consacrés gardent exactement la même apparence, les mêmes propriétés observables qu’avant la consécration. Et pourtant, ils ne sont plus la même réalité.
L’Église catholique croit fermement qu’au moment de la consécration, le pain et le vin deviennent véritablement le Corps et le Sang du Christ. Lorsque Jésus, au cours du dernier repas avec ses disciples avant sa Passion, prit le pain et dit : « Ceci est mon corps qui est pour vous » ; lorsqu’il prit la coupe et dit : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang », ce n’était pas seulement une manière de dire. Il n’a pas dit : voici l’image ou le symbole de mon corps et de mon sang. Nous croyons, qu’il faut prendre les paroles du Christ à la lettre : une transformation réelle se produit. Le pain et le vin consacrés gardent exactement la même apparence, les mêmes propriétés observables qu’avant la consécration (les enfants demandent si l’hostie a le même goût avant et après la consécration : eh bien, oui !). Et pourtant, ils ne sont plus la même réalité. Ils ont changé de substance, ils sont devenus Corps et Sang du Christ.
Le corps livré et le sang versé
Par le don de l’Esprit-Saint et le ministère du prêtre, le Christ ressuscité réalise sa présence au milieu de la communauté rassemblée en son nom. Il faut préciser que « corps et sang », dans la manière biblique de parler, signifie la personne de Jésus. Il est important d’ajouter qu’il s’agit du corps livré de Jésus et de son sang versé, autrement dit de la personne de Jésus qui fait l’offrande de sa vie pour le salut du monde. L’unique sacrifice de la Croix est rendu présent dans chaque Eucharistie pour que sa puissance de salut se déploie aujourd’hui dans nos vies, et celles de tous les hommes.
La première réalisation de la grâce eucharistique est notre unité fraternelle. La communion au corps eucharistique du Christ réalise la communion de l’Église, elle construit le corps ecclésial du Christ. La communion eucharistique est un appel à œuvrer à la communion entre nous, frères et sœurs du Christ, et à aimer en actes le monde qui nous entoure. L’Eucharistie est l’expression la plus haute de l’amour de Dieu pour nous. Le Christ que nous célébrons à la messe n’appartient pas à un passé lointain dont nous conserverions précieusement le souvenir. Il est en personne présent au milieu de nous et il tourne nos regards en avant vers le jour de son retour en gloire. En ce jour de fête, demandons au Seigneur la grâce de réaliser davantage la grandeur du don qui nous est fait dans l’Eucharistie. Ainsi, c’est avec une profonde joie, née de la foi, que nous irons à la messe avec fruit.

« La Cène » de Philippe de Champaigne.
Cette fête du Saint-Sacrement est l’occasion offerte par l’Église pour redonner vie à notre foi dans le sacrement de la communion eucharistique. Un sacrement qui guérit et qui protège, explique le père Jean-François Thomas, en nous incorporant au Christ. En avons-nous conscience ?
Aucune réalité dogmatique n’a été plus malmenée que celle de la Présence réelle. Bien des hérésies s’y sont attaquées au cours des siècles, et les moindres ne furent pas le manichéisme, le protestantisme et le jansénisme. Erreurs toujours au moins flottantes y compris dans l’esprit de certains catholiques, peut-être par manque de formation, par négligence, par un usage inapproprié de la raison. Aliment surnaturel qui permet aux premières générations chrétiennes de traverser les persécutions, le Corps du Christ demeure et demeurera le remède pour notre salut.
Chaque époque chrétienne possède ses faiblesses et ses travers et cela se répercute nécessairement sur la foi en ce sacrement et sur sa pratique. En un siècle tiraillé par le jansénisme et le gallicanisme, Fénelon, s’adressant à tout fidèle dans son manuel de piété, s’interroge sur le fait que peu de personnes, tout en communiant, retirent les avantages insignes liés à cette réception. Une seule communion bien préparée et bien reçue pourrait pourtant bouleverser notre vie. Les Messieurs de Port-Royal, soucieux de perfection plus que de sainteté véritable, avaient attaqué l’état de grâce suffisant pour recevoir le Corps de Notre Seigneur, et, tournant le dos au concile de Trente, regardaient ce sacrement comme une récompense pour un état plus parfait, plutôt que comme le moyen efficace de la guérison de l’âme.
Se nourrir pour se guérir
Lorsque le pape saint Pie X autorisa les enfants en âge de raison de faire leur première communion, il voulut rétablir une juste situation mise en péril par ces conceptions erronées. Le décret Quam singulari du 8 août 1910 va remettre à l’endroit ce que l’Église latine avait laissé s’étioler peu à peu par excès de prudence et aussi par oubli des mots pourtant clairs de Notre Seigneur à ses Apôtres : « Laissez venir à moi les petits enfants et ne les empêchez pas : c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume de Dieu » (Mt 10, 13). La communion n’est pas seulement un remède mais également une préservation contre le péché. L’âme pénitente et pardonnée reçoit son Dieu, sachant qu’ainsi elle s’arme contre les attaques futures. Il est donc logique que tout être en état de faire la distinction entre le bien et le mal puisse bénéficier d’une telle protection.
L’Église a toujours cru que les effets de la communion sur l’âme étaient semblables à ceux des aliments pour la conservation du corps.
L’Église a toujours cru que les effets de la communion sur l’âme étaient semblables à ceux des aliments pour la conservation du corps. La différence est que la nourriture matérielle, assimilée et transformée, se perd en nous, alors que le Pain sacré nous incorpore à Notre Seigneur : ce n’est plus l’aliment qui disparaît, mais nous qui nous perdons dans le Christ qui se substitue peu à peu à ce que nous sommes. Les paroles de l’Apôtre à ce sujet sont claires : « Si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Par la sainte communion, nous sommes greffés au cep, nous qui ne sommes que de fragiles sarments : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56).
Être semblable au Christ
Si les jansénistes avaient développé une conception de la perfection les empêchant de se nourrir pour être guéris, il est probable que notre époque tombe dans un excès inverse : celui de recevoir la sainte communion sans préparation de l’âme, sans confession, sans purification, par habitude, sans se remettre à chaque fois devant la grandeur de ce mystère qui nous intègre au sacrifice de la Croix renouvelé, de façon non sanglante, par le sacrifice de la messe. Notre désinvolture à cet égard frise parfois le sacrilège. Pourtant, sacrifice et communion nous rendent semblables au Christ, si nous sommes dans les dispositions nécessaires et non point indifférents, rongés par le doute ou par le péché entretenu. Pie XII, dans Mystici Corporis Christi en 1943, écrit : « Dans le Sacrifice eucharistique, les ministres sacrés ne tiennent pas seulement la place de notre Sauveur, mais de tout le Corps mystique et de chacun des fidèles ; là encore, les fidèles eux-mêmes, unis au prêtre par des vœux et des prières unanimes, offrent au Père éternel l’Agneau immaculé rendu présent sur l’autel uniquement par la voix du prêtre, comme une victime très agréable de louange et de propitiation, pour les nécessités de toute l’Église. »
Une nourriture surnaturelle efficace
Dans Mediator Dei, quelques années plus tard en 1947, le même pape insistera sur le fait que les fidèles ne sont pas « des spectateurs muets et étrangers », mais cette participation n’est pas pesable à la quantité des gestes, des paroles et des chants. Elle doit être offrande : « Les chrétiens doivent s’immoler eux-mêmes en victimes. » Chaque âme doit devenir « une hostie spirituelle avec l’Hostie immaculée ». Il n’est pas certain que nous nous associions ainsi, de façon aussi intime, au Sacrifice eucharistique. Cependant, les multiples grains broyés du pain et les nombreux grains de raisin pressés signifient bien cette communion avec le sacrifice du Christ, tout comme la goutte d’eau mélangée au vin du calice. Notre esprit est à la fois sacrifié et sacrificateur dans ce sacrement qui dépasse toute raison humaine. Pie XII, en des temps où les hommes pansaient difficilement leurs plaies, souligna l’efficacité de cette nourriture surnaturelle : « Appelez enfin et forcez à entrer tous les hommes de toutes les classes, car c’est le pain de vie dont tous ont besoin. L’Église de Jésus-Christ n’a que ce seul pain pour satisfaire les aspirations et les désirs de nos âmes, pour les unir très étroitement au Christ Jésus, pour en faire finalement “un seul corps” et les unir entre eux, comme des frères qui s’assoient à la même table pour prendre le remède de l’immortalité en partageant un même pain » (Mediator Dei).
Briser le piège de l’habitude
Cette fête est l’occasion offerte par l’Église pour redonner vie à notre foi en ce sacrement. Saint Augustin l’exprimait déjà ainsi : « Ô sacrement d’amour, ô symbole d’unité, ô lien de charité ! Celui qui veut vivre a donc de quoi vivre et possède la méthode pour en vivre. Qu’il s’approche, qu’il croie, qu’il soit incorporé pour être vivifié » (Commentaire de l’Évangile selon saint Jean, 26, 13). Il faut briser le piège de l’habitude, de l’horizontalité et de la désacralisation lorsque nous nous trouvons en présence de ce mystère. À chacun d’examiner sa conscience, sa pratique, sa manière de faire, pour savoir ce qui doit être corrigé ou amélioré, à la lumière de toute la Tradition de l’Église. Notre relation avec Notre Seigneur trouve son point culminant dans la sainte communion à son Corps et à son Sang. Ne pas lui accorder toute notre attention, tous nos efforts spirituels, tout notre respect reviendrait à trahir à notre tour le Sauveur qui se sacrifie ainsi pour notre salut. Nous ne parlons pas ici d’un repas sympathique entre amis mais de la pierre qui scelle notre entrée dans la vie éternelle. Adorons.

Procession de la Fête-Dieu, à Villemomble (Seine-Saint-Denis)
Pour finir, disons que cette fête est la fête d’un événement unique qui demeure permanent : l’eucharistie. Cette année cette fête est particulièrement joyeuse car elle permet à tous les chrétiens de goûter à cette nourriture éternelle par laquelle ils deviennent contemporains de l’éternité, alors qu’ils sont encore liés au passé, au présent et au futur.
Nous ne célébrerons plus l’eucharistie au Ciel. L’eucharistie est pour cette terre. Jésus a institué ce sacrement pour que nous vivions de sa présence alors que nous sommes encore ici-bas et qu’il est « au-delà », mais quand nous le verrons face à face, alors l’eucharistie n’aura plus lieu d’être. L’eucharistie est donc le sacrement de la présence du Christ durant le temps de son absence apparente. Elle nous fait déjà vivre de Lui qui est dans l’éternité, alors que nous sommes encore dans le temps. Elle nous permet donc d’unir le temps qui est le nôtre à l’éternité qui est sienne. Par elle, nous devenons contemporains de l’éternité, alors que nous sommes encore liés au passé, au présent et au futur. Voilà un grand mystère, dont nous pouvons contempler quelques aspects.
L’eucharistie unit le présent à l’éternité
L’écoulement du temps auquel nous sommes soumis peut être une épreuve très rude pour chacun d’entre nous. Mais n’y a-t-il donc aucun moyen ici-bas d’échapper à cette fuite du temps ? N’y aurait-il en cette vie quelque chose qui soit plus fort que le temps, plus puissant que le destin ? Oui, il y a l’eucharistie. Jésus nous en a donné l’assurance : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle »(Jn 6, 54).
Tous les sacrements nous donnent d’une certaine façon la vie éternelle, puisqu’ils nous communiquent la grâce de Dieu. L’eucharistie cependant ne contient pas seulement la grâce divine, mais l’auteur de la grâce lui-même : Jésus-Christ. Elle ne nous unit pas seulement à l’éternité, elle nous donne celui qui est l’Éternel. À chaque fois que nous communions avec foi, nous entrons donc dans cette « zone » que saint Paul appelle « la plénitude du temps ». Unis sacramentellement au Christ, nous sommes ainsi introduits mystiquement dans l’éternité, alors que nous sommes encore pèlerins sur la Terre. Certes, nous continuons de vieillir physiquement, mais notre présent est désormais habité d’une lumière nouvelle. Il n’est plus « vanité de vanité », mais miroir de la vie éternelle.
L’eucharistie unit le passé à l’éternité
Le passé possède une double caractéristique aussi déconcertante que l’évanescence du présent : il est irréversible (hier ne revient jamais) et ineffaçable (impossible de faire que ce qui a eu lieu n’ait pas eu lieu). Mais alors, est-il possible de vivre cette dimension de notre vie (notre histoire passée) sans être, selon les cas, écrasés par le remords de nos fautes, ou gonflés de vanité par nos réussites ? Là encore la réponse se trouve dans l’eucharistie, car elle a le pouvoir d’unir notre passé à la miséricorde éternelle de Dieu : « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19).
Jésus-Eucharistie, tu es action de grâce. Tu es un merci éternel élevé envers ton Père par amour pour chacun de nous. Tu nous enseignes qu’aimer, c’est être aimé. Oui, aimer, c’est tout donner, et se donner soi-même jusqu’à se réduire à une miette de pain. Merci, Seigneur, pour ta présence divine dans le sacrement de l’Eucharistie. Donne-moi la grâce de rayonner de ta présence pour transmettre ton amour à mon prochain ! Source : https://www.regnumchristi.fr/meditation-du-jour/