Le règne de Dieu est venu jusqu’à nous

Reconnaissons que, dans notre culture contemporaine, nous avons quelque mal à nous y retrouver dans cette histoire de bagarre entre démons, dans la maison de Beelzéboul.
Mais allons à l’essentiel. Le mot « diable » vient du grec « dia-bolein » qui signifie « se mettre en travers », autrement dit faire obstacle à l’avancée sur le chemin. Jésus ne cesse de se présenter dans l’Évangile comme un marcheur. D’ailleurs il ne cesse de sillonner les routes de Palestine du nord au sud, du sud au nord. Il va même jusqu’à dire qu’il est « chemin ».[1]
Son contraire est dans le diable, lui dont le rôle consiste à empêcher d’avancer.
Ainsi, la guérison dont il est question, au début de cet entretien sur le démon, est celle d’un muet. « Quand le démon fut sorti, le muet parla. »Voici donc que cet homme découvre l’accès à la parole, que le démon empêchait. Et parler sur me mode du « Je », c’est prendre sa place de sujet sur la route de l’existence.
La question posée par Jésus à l’issue de cet entretien, c’est « Voulez-vous marcher avec moi ? » Car si nous ne sommes pas avec lui, nous sommes contre lui. Sa volonté consiste à rassembler, celle du diable à disperser. Et il invite ses disciples à marcher avec lui.
Nous voici donc invités ce matin à choisir notre camp « Pour ou contre Jésus ? » « Avancer ou rester sur place » ? La réponse nous appartient. Et rappelons qu’elle ne se construit pas par des mots mais par des actes.
[1] Jn 14, 6

« Tout royaume divisé contre lui-même devient désert. » Ils ont vu Jésus à l’œuvre. Ils ne peuvent contester les faits. Alors ils s’en prennent à son être, à la racine de sa mission. « C’est par Béelzéboul, le chef des démons, qu’il expulse les démons. » Pour eux, Jésus est un instrument au service de Béelzéboul.  Il est diabolique ! Il est un manipulateur. Il a le nom de Dieu à la bouche mais son Cœur est au chef des démons. Voilà pourquoi «  d’autres, pour le mettre à l’épreuve, cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel. »
Nous aussi, nous sommes confrontés à cette situation. Bien des œuvres nous laissent perplexes tant sur leur authenticité que sur leur origine. La célébrité de certaines personnes, tant dans l’Église catholique qu’en dehors, suscitent des interrogations voire des prises de position… De façon générale, beaucoup s’imposent de donner leur avis sur tout et sur tous. L’animation des réseaux sociaux en témoignent. *Le véritable problème est en fait celui du discernement.* Combien de personnes, tant parmi celles qui s’expriment sur ces réseaux que parmi celles qui les lisent, font preuve de discernement ?
Se positionner, c’est se révéler.

« Tout royaume divisé contre lui-même devient désert. »
Jésus pointe du doigt l’aberration de ses interlocuteurs. Ainsi, tout division est destructrice. Et leurs propos témoignent de leur mauvaise foi : « Vous dites en effet que c’est par Béelzéboul que j’expulse les démons. Mais si c’est par Béelzéboul que moi, je les expulse, vos disciples, par qui les expulsent-ils ? Dès lors, ils seront eux-mêmes vos juges. » Enfermés ainsi dans leur perversité, ils en viennent à ignorer la sollicitude divine : « En revanche, si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le règne de Dieu est venu jusqu’à vous. »
Il convient que nous ne perdions jamais de vue que la question fondamentale est celle du Salut. Nous avons à discerner la présence de Dieu dans le quotidien de notre existence. Et le Seigneur nous donne le critère primordial : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi disperse. » Il s’agit d’un choix à faire.
Avec Jésus, point de demi-mesure. De quel côté es-tu

« Tout royaume divisé contre lui-même devient désert. »
Jésus révèle le mode de fonctionnement des esprits mauvais. « Quand l’esprit impur est sorti de l’homme, il parcourt des lieux arides en cherchant où se reposer. Et il ne trouve pas. Alors il se dit : “Je vais retourner dans ma maison, d’où je suis sorti. » En arrivant, il la trouve balayée et bien rangée. Alors il s’en va, et il prend d’autres esprits encore plus mauvais que lui, au nombre de sept ; ils entrent et s’y installent. Ainsi, l’état de cet homme-là est pire à la fin qu’au début. »
Les esprits mauvais sont des esprits errants. Ils n’attendent pas toujours que l’hospitalité leur soit offerte. Ils sont entêtés. Et leur compagnie ne peut être que nuisible. Face à cet entêtement, nous sommes invités à faire preuve de vigilance et de persévérance dans la grâce. Nous avons à rechercher la grâce de Dieu et à l’entretenir en nous avec détermination.
Dieu donne les moyens et chacun de choisir le terme. Quelle fin poursuis-tu ?

Seigneur, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, donne-nous l’Esprit de discernement.